à l'occasion de son exposition photographique "à balles réelles" à l'Hôtel Coeurderoy de Tonnerre
À balles réelles est une exposition de photographie documentaire résultant d’une recherche – création menée pendant cinq années dans la ville de Tonnerre dans le cadre d'un doctorat SACRe (École normale supérieure - PSL).
Le spectateur y découvrira des photographies, des textes et des cartes qui décrivent les transformations contemporaines d’un territoire rural.
La scénographie s’organise autour de trois questions scientifiques :
Comment expliquer que des personnes en situation de précarité soient déplacées dans une ville dont elles ignoraient jusqu’alors l’existence ?
Comment, face à d’importantes difficultés économiques et sociales, certains habitants arrivent à tenir alors que d’autres meurent ou disparaissent ?
À quelles conditions, enfin, la photographie documentaire permet-elle de décrire de manière fiable le monde observé ?
Cette exposition sera visible du 1er au 30 juin à l’hôtel Coeurderoy de Tonnerre.
Le vernissage aura lieu le samedi 1er juin à 15h.
Une recherche collective
À balles réelles, Tonnerre 2017-2022 s’inscrit dans le projet de recherche collective Territoires et Mobilités coordonné par l’anthropologue Florence Weber et mobilisant des chercheur·euses
de différentes disciplines (photographie, sociologie, anthropologie, géographie, histoire, histoire de l’art) de l’École normale supérieure et du Centre Maurice Halbwachs (CNRS).
L’objectif ? Étudier la dimension spatiale des inégalités sociales en France.
L’exposition se focalise sur l’enquête menée dans la ville de Tonnerre par le photographe documentaire Jean-Robert Dantou (2017-2022).
À balles réelles, Tonnerre 2017-2022 met en regard les récits des habitant·e·s de la ville avec des créations artistiques et des analyses scientifiques sur les mécanismes sociaux qui traversent le territoire. L’exposition met en mouvement la construction de la mémoire collective locale.
Une exposition transdisciplinaire et collective
Si À balles réelles, Tonnerre 2017-2022 repose en premier lieu sur la photographie documentaire, elle défend l’idée de l’art comme création collective et propose des croisements avec diverses disciplines : l’ethnographie, la cartographie, les sciences sociales et la création audiovisuelle (courts-métrages).
L’exposition repose sur trois dimensions participatives
Une participation des publics depuis les premières heures du projet jusqu’aux dernières phases de production de l’exposition ;
une dimension d’innovation numérique par l’intermédiaire du logiciel ArcFot permettant l’accès à différents niveaux d’information pendant et après l’exposition ;
une réflexion sur la démarche scientifique et la fabrication de l’information.
La conception de cette exposition est le résultat de différents ateliers menés auprès des habitant·e·s de Tonnerre (lycéens, travailleurs en insertion, personnes en situation de handicap). Ces ateliers ont permis aux personnes photographiées d’apporter des réponses scénographiques et spatiales aux questions éthiques et déontologiques. Durant l’exposition, les personnes peuvent enrichir les photographies en apportant des contributions personnelles sur l’histoire de la ville à partir de leurs propres savoirs : elles choisissent une photographie de l’exposition et un dispositif interactif leur permet de la relier à une histoire singulière qu’elles souhaitent partager. Ces informations sont ensuite précieusement archivées et elles deviennent consultables pour les futur·es visiteurs·euses.
L’exposition se découpe en trois séquences intitulées « Arriver », « Tenir », et « Photographier ».
Jean-Robert Dantou s’est ainsi intéressé à trois filières d’arrivée de personnes en difficulté dans la ville : par les logements d’urgence, par une association en lien avec la psychiatrie et de manière informelle.
En entrant dans la cour de l'hôtel Coeurderoy de Tonnerre vous découvrirez « des morceaux de trajectoires » sous forme de photographies, de textes, de cartes postales issues de la rencontre de Jean-Robert Dantou avec ces personnes.
« Je travaille lentement, quand je rencontre une personne je prends le temps de lui expliquer ma démarche. Je créé une relation au long cours avec chaque personne photographiée. Pour moi la notion de « care », de prendre soin, est importante et elle est très présente à Tonnerre »
De nombreuses animations, conférences, projections, ateliers seront organisés tout au long du mois de juin afin de partager avec le public le côté participatif et inclusif de cette exposition.
Le 27 juin, vous pourrez par exemple lire les textes écrits puis réfléchir collectivement sur comment ce qui est écrit par des personnes en difficultés pourrait se transformer en politique publique.
La co-construction comme solution
Jean-Robert Dantou nous propose donc d’intégrer une démarche singulière et originale. Les photographies en noir et blanc sont magnifiques et l’installation de celles-ci sur de grands chevalets en bois clair formant une spirale, un chemin à parcourir, non-linéaire, nécessitant des étapes, comme une manière de symboliser le chemin parcouru par ces habitants.
La co-construction permet de se rencontrer et d’agir ensemble, ces notions irriguent le travail du photographe, membre de l’agence VU, qui explore depuis une dizaine d’années les interactions entre photographie documentaire et sciences sociales. Il travaille sur des problématiques liées à la santé mentale, aux migrations et à la sociologie des marges. Il a co-dirigé en 2020 l’ouvrage collectif Pour une alliance entre photographie et sciences sociales, et il est l’auteur de plusieurs ouvrages photographiques, notamment Les murs ne parlent pas, Kehrer Verlag, 2015, pour lequel il a été lauréat du Prix du Livre de Photographie de l’Année, Catégorie Internationale, au festival PhotoEspaña 2016.
Quand la science et l'art se rencontrent, cela créé une terre fertile, le croisement des regards comme des disciplines permet de mieux comprendre. Pour Jean-Robert Dantou une photographie se doit d'être expliquée car elle est polysémique par nature et peut donc être interprétée de diverses façons. Prendre le temps de contextualiser et d'accompagner le regard de celui ou celle qui découvre une photographie permet de partager le sens de celle-ci. Vous l'aurez compris, le verbe comprendre est au cœur de la démarche de Jean-Robert Dantou.
Rendez-vous à l'hôtel Coeurderoy de Tonnerre du 1er au 30 juin pour découvrir cette belle exposition.
Direction artistique et scientifique : Jean-Robert Dantou
Scénographie : Mitia Claisse
Production : Printille Davigo
Fabrication : Archibald Peeters
Graphisme : Timothée Bernard et Marie Aumont
Illustrations : Ninon Bonzom
Conseil scientifique et artistique : Paco Rapin (ENS) et Mathias Nouel (Agence VU’)
Attachée de presse : Anaïs Viand
Accueil des publics : Zia Perthuisot
Une exposition produite par la ville de Tonnerre, L’Aracande et La Broussaille.