Roy
ENTREPRENDRE dans le TONNERROIS : ces entrepreneurs qui osent et qui réussissent !
Entrevue avec Claude et Yohan ROY, entreprise ROY à TONNERRE
Entreprise familiale fondée par Bernard ROY en 1973 à TANLAY, ce sont aujourd’hui 7 membres de la famille qui orchestrent une équipe de 20 employés au total. Claude et Gérard sont cogérants et chacun des 3 enfants a développé son expertise : la couverture et l’étanchéité pour Julien, la charpente lancée et développée par Bastien, le photovoltaïque et le façonnage pour Yohan. Les épouses sont à l’administration. Et il y a Mimine, le chat, qui navigue sur tous les postes.
La pyramide des âges est en moyenne de 31 ans, soit très jeune, et l’arrivée de la 3ème génération a donné une toute nouvelle impulsion à l’entreprise, qui a dû déménager suite à une croissance constante depuis 2013. L’entreprise est alors passée de 1,4 à 2,6 millions d’euros de chiffre d’affaire entre 2013 et 2018.
2019 est marquée par le renouvellement et l’extension du matériel de levage : un investissement conséquent de 500 k€ qui s’accompagne d’une nouvelle création de poste : un chauffeur PL qui, après une formation pour le CACES grutier, devra se reconvertir au bâtiment afin de tourner sur les chantiers avec ce matériel sophistiqué nouvellement acquis.
« Nous recherchons surtout du personnel déjà formé mais aussi capable d’apprendre » précise Yohan ROY. « Nous assistons à une montée en technicité avec les normes, les réglementations, les nouvelles techniques comme le pliage de l’alu qui remplace la soudure du zinc apprise à l’école… nous ne travaillons plus du tout comme il y a 10 ans, le personnel doit être capable d’évoluer ». Un personnel qualifié et motivé qui, à l’instar de tous les entrepreneurs du territoire, reste difficile à trouver.
9 équipes se déploient sur un large spectre d’activités liées au bâtiment : charpente, couverture, zinguerie, bardage, étanchéité, photovoltaïque, isolation, façonnage.
« On traite toute l’enveloppe du bâtiment, et nos activités s’étayent au gré de l’arrivée des enfants qui ont chacun leurs particularités, et se forment en fonction des besoins de l’entreprise » explique Yohan ROY.
L’idée de ces entrepreneurs est de cultiver leur différence et de proposer des prestations que personne ne fait. En 2009, l’explosion du marché photovoltaïque a permis à l’entreprise ROY de se saisir de l’opportunité de ce marché de niche. Plus tard, la société a été parmi les premières du secteur à proposer des isolants biosourcés comme la fibre de bois. Elle a récemment développé une gamme de services ouverts aux particuliers mais aussi aux autres entreprises du bâtiment : le pliage des métaux avec son atelier de façonnage et la location de bennes : « Nous travaillons pour les entreprises des alentours, ce qui permet à terme de mieux amortir nos machines et de nous assurer un marché stable plutôt que de miser sur la guerre des prix. Nous optons pour une certaine indépendance car nous voulons être la petite entreprise familiale de demain ; beaucoup de petites sociétés disparaissent ».
Et comme 80% des chantiers concernent la rénovation, les éléments démolis sont triés, stockés et acheminés dans les centres de recyclage.
« La valorisation des matériaux recyclables s’équilibre avec le coût de traitement des autres déchets ; toutefois, nous rencontrons des vrais soucis pour recycler le bois, car même si nous avons une décharge homologuée pour l’inerte, le bois n’est pas accepté ; il est donc enfoui de plus en plus loin » souligne Claude ROY. « C’est un réel problème surtout pour le bois traité qui nécessite des installations spécifiques en cas de brûlage ».
C’est aussi l’arrivée récente du très haut débit, via la mobilisation de la CCLTB, qui a permis à l’entreprise de s’adapter et de se développer sur un territoire rural, puisque les échanges de fichiers, les demandes de devis, les marchés publics, l’utilisation obligatoire de la plateforme CHORUS (dématérialisée) font partie du quotidien.
De plus, l’évolution pour ce secteur d’activité ne s’arrêtera pas là : « Nous allons à terme devoir travailler en numérique avec le BIM* ou tout est fabriqué, modelé en 3D à distance et où chaque partie est rassemblée pour reconstituer l’ensemble en amont. Aujourd’hui, chacun travaille sa partie et la problématique n’est visible qu’une fois sur le terrain. Avec le BIM, il y aura un message d’alerte pour que le souci soit solutionné avant la construction. C’est un logiciel onéreux, qui demande du personnel qualifié et une connexion à internet de très haute qualité » confirme Claude ROY.
Une petite entreprise devenue grande, mais qui compte continuer à travailler localement. La zone de chalandise s’étend à une trentaine de kilomètres aux alentours, et le fait de s’en tenir là reste le choix des entrepreneurs qui souhaitent garantir un service de proximité, fiable et de qualité, de préférence aux particuliers.
Avec : Claude et Yohan ROY (Entreprise ROY), Régis LHOMME (VP en charge de l’économie à la CCLTB), Alain LAPLAUD (Président du CDT), Estelle DULION (trésorière au CDT), Hélène COUASSE (animatrice CDT).
Nous remercions chaleureusement Claude et Yohan pour leur accueil.
*BIM est le sigle anglais de Building Information Modeling, ou encore de Building Information Management.